La Brésilienne Helena Schargel de 80 ans est mannequin en lingerie sexy
« Magnifique, merveilleux », s’extasie le photographe de mode Pablo Saborido, qui immortalise la dernière collection créée par la grand-mère mannequin elle-même pour des femmes de plus de 60 ans.
Après avoir travaillé plusieurs décennies dans une entreprise de textile, la fringante quasi-octogénaire est sortie de sa retraite il y a deux ans avec une mission: mettre en lumière la beauté cachée des femmes âgées.
Dessiner elle-même les modèles de dessous affriolants n’était pas suffisant. Pour vraiment marquer les esprits, Helena Schargel a décidé de jouer les mannequins, publiant de nombreuses photos sur Instagram, où elle compte près de 18.000 abonnés.
« Le projet a un objectif clair: rendre les femmes visibles », affirme-t-elle à l’AFP, à Sao Paulo.
Au-delà des collections conçues pour la marque Recco Lingerie, cette femme distinguée à la belle chevelure blonde a signé également une ligne sport et fitness pour la griffe Alto Giro.
Un joli coup de force pour cette Brésilienne à la forte personnalité qui dénonce régulièrement le manque d’intérêt de la mode pour les femmes âgées.
Ses photos sur Instagram sont accompagnées de messages d’encouragement comme: « Sois audacieuse » ou « Tu peux tout faire ».
« Je n’ai jamais pensé à mon âge, ça ne m’a jamais tourmentée », raconte cette grand-mère comblée de cinq petits-enfants, qui considère que la fièvre de la chirurgie esthétique au Brésil est une « folie ».
« Ça ne fait que quelques années que je me suis rendu compte que je n’étais plus trentenaire », dit-elle.
Fille d’immigrants venus de Pologne, Helena Schargel a commencé à fabriquer des vêtements dès l’adolescence, pour les vendre dans la boutique de ses parents.
Les modèles qu’elle dessine aujourd’hui ne sont pas réservés aux femmes âgées et font même le bonheur de ses petites-filles.
Très en forme pour son âge, elle dit « remercier Dieu de ne pas avoir besoin de faire de la musculation ».
« Je fais du Pilates trois fois par semaine, ça fait du bien au corps et à l’esprit », affirme-t-elle, arborant un legging noir et blanc très seyant.
Sa décision de poser en sous-vêtements était particulièrement osée, dans un pays très machiste où les femmes âgées sont traitées « comme si elles n’étaient plus en vie », explique Paula Merlo, rédactrice en chef du magazine Vogue au Brésil.
« Elle nous rappelle qu’il y a une vie après les 60, 70 ans, et que cette vie peut être sexy, amusante et générer des profits », insiste la journaliste.
Après un certaine appréhension initiale, Helena Schargel se dit tout à fait à l’aise de montrer des images d’elle en sous-vêtements au grand public.
Et pour être le plus naturelle possible, elle refuse que les photos soient retouchées.
« Je dis toujours: s’il vous plaît, laissez mes petites rides en place. Elles sont très importantes, elles montrent où je suis arrivée », déclare la Brésilienne.
Le photographe de mode Pablo Saborido, 39 ans, qui la voit virevolter sans cesse entre deux poses pour changer de tenue, ne cache pas son admiration.
« J’aime travailler avec des gens qui ne correspondent pas au profil type des mannequins », dit-il.
Helena Schargel, elle, se félicite d’avoir dessiné des sous-vêtements à la fois sexy et « terriblement confortables ». « En, plus ils aident à relever le popotin », ajoute-t-elle.
La population mondiale étant de plus en plus vieillissante, la Brésilienne sait que le marché de la mode pour femmes âgées a tout pour exploser à l’avenir.
« Dans 20 ou 30 ans, il y aura plus de mamies que de jeunettes et les entreprises doivent s’y préparer », résume-t-elle.