Ces médicaments courants pourraient accroître le risque de démence
Plusieurs médicaments couramment utilisés pourraient accroître le risque de démence, y compris de la maladie d’Alzheimer, chez les personnes âgées qui en prennent à des doses élevées ou pendant des périodes prolongées, selon une étude publiée lundi aux Etats-Unis.
Leur étude, conduite avec un groupe de près de 3.500 personnes de 65 ans et plus, est publiée dans le Journal of the American Medical Association, Internal Medicine.
Un grand nombre de personnes âgées prennent ces traitements, dont certains sont vendus sans ordonnance comme le Benadryl, contre les allergies. Il s’agit de la première étude à établir un lien entre une dose donnée de ces médicaments anticholinergiques et l’accroissement du risque de développer de la démence.
Risque irréversible
Cette recherche suggère aussi pour la première fois que ce risque pourrait persister et ne pas être réversible, même après avoir arrêté de prendre ces médicaments pendant plusieurs années. Les chercheurs précisent que 797 des participants de l’étude, soit environ 23%, ont développé de la démence.
« Les adultes âgés devraient savoir qu’un grand nombre de médicaments, dont certains sont vendus sans ordonnance, ont de puissants effets anticholinergiques », souligne le Dr Shelly Gray, de l’Université de Washington à Seattle (nord-ouest), le principal auteur de cette étude financée par l’Institut national américain de la santé (NIH).
« Les médecins traitants devraient régulièrement vérifier les médicaments pris par leurs patients, y compris ceux vendus sans ordonnance, pour voir comment les remplacer tout au moins en partie par des traitements sans anticholinergiques », a-t-elle ajouté.
L’étude a déterminé que les personnes prenant par exemple au moins 10 mg/jour de doxépine, un antidépresseur, 4 mg/jour du somnifère diphénhydramine ou 5 mg/jour d’oxybutynine, contre l’incontinence urinaire, pendant plus de trois ans, couraient un risque nettement plus élevé de souffrir de démence.
Alternatives
Le Dr Gray explique que des alternatives existent sans anticholinergiques pour la doxépine et la diphénhydramine, à savoir le Prozac (antidépresseur) et le Celexa (somnifère). Quand il n’y a pas d’autre choix de traitement, elle recommande aux médecins de prescrire la dose la plus faible possible qui est efficace, et de surveiller régulièrement.
Certains des participants de cette recherche ont accepté que leur cerveau soit autopsié après leur décès. On pourra ainsi savoir si ceux qui ont pris ces médicaments anticholinergiques souffraient davantage d’Alzheimer que ceux dans le groupe témoin qui n’en prenaient pas, a dit le Dr Gray.
« Nous examinerons les pathologies du cerveau et verrons si nous pouvons voir un mécanisme biologique qui pourrait expliquer les résultats de notre étude », a-t-elle ajouté.